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Désirs : peut-on les maîtriser ?

21 septembre 2021

Nous vivons dans une société qui nous pousse à consommer toujours plus. Comment ne pas devenir esclaves de nos tentations ? Apprendre à distinguer les envies éphémères des vrais désirs authentiques est le premier pas.

Les philosophes et les désirs

Pour les philosophes de la Grèce antique, maîtriser ses désirs était un impératif. Il s’agissait pour eux de se différencier des animaux, animés par leurs seuls instincts.  Epicure enseignait à ses disciples les bienfaits d’une vie simple, purgée des désirs douteux. Contrairement à ce que l’on pense, il aimait la bonne chère oui, mais occasionnellement.

Quant aux stoïciens, ils pensaient que tout homme digne de ce nom devait se considérer comme responsable de ses désirs.

Mais que signifie « désirer » ?

Nos désirs dérivent de nos besoins fondamentaux comme boire, manger, dormir, être en sécurité, être relié à d’autres humains. Mais ici, nous ne parlons pas de ces nécessités vitales que nous partageons avec les animaux. Il est plutôt question de l’idée que nous nous faisons des êtres et des objets que nous croyons susceptibles d’améliorer notre humeur et notre vie : aliments sucrés, belle voiture, grande maison, progression de carrière, être mince et/ou musclé etc… En fait, nous désirons ce que l’autre a.

Quand le désir s’emballe, on parle de compulsion : nous ne pouvons plus nous empêcher d’obéir à l’appel de la jouissance, quitte même à nous faire du mal. C’est ce qui mène vers les addictions.

Du manque à la frustration

Socrate disait que le désir naît du manque. Mais jusqu’où pouvons-nous supporter le manque ? Nous pouvons feindre l’indifférence mais ignorer nos envies en permanence est impossible. Les émotions nous rappellent à nos frustrations.

Descartes proposait de changer nos désirs plutôt que l’ordre du monde. « Qu’il n’appartient qu’à nous de nous rendre contents ». Tandis que Schopenhauer conseillait d’abolir tout désir en soi. Nous ignorons si lui-même en a été capable… Quant à Spinoza, il pensait que maîtriser ses désirs était une tâche bien difficile. En effet, pour lui, si nous savons que nous désirons, nous en ignorons la cause bien souvent.

Finalement, si nous pouvions avoir naturellement le contrôle sur nos désirs, il n’y aurait pas autant d’addictions de toutes sortes.

Transformer nos frustrations

Si la maîtrise totale de nos désirs est impossible, il est toutefois envisageable de pouvoir les canaliser. C’est d’ailleurs l’un des buts de toute éducation. On apprend à l’enfant à différer ses envies et à supporter la frustration. Toutefois, il restera toujours une part instinctuelle en nous. Des désirs prédateurs, indomptables que notre juge intérieur (le Surmoi de Freud) s’efforce de refouler mais imparfaitement. De plus, ce refoulement et cet autocontrôle a un coût : névroses, angoisses, dépression etc. C’est ce qui nous incite à fuir la réalité. A consommer des produits et à adopter des comportements nous rendant, en apparence, la vie plus supportable.

La psychothérapie invite, non pas à maîtriser nos désirs (encore moins à les faire disparaître), mais à les verbaliser et à les transformer. Il existe des dérivatifs qui peuvent nous faire « oublier » nos frustrations : l’art, l’écriture, la poésie…Tout ce qui est créatif. Et pourquoi pas le sport ou la spiritualité, religieuse ou non.

La réconciliation

Pour Jung, apprendre à transformer ses désirs et ses frustrations en richesse personnelle pour vivre avec eux en adéquation, est l’un des effets du « processus d’individuation » (voir lien). Il débute généralement au cours de notre seconde partie de vie.

Les premières années, nos désirs vont dans le sens de nous faire aimer de ceux qui assurent notre sécurité affective. Puis, nous désirons nous distinguer des autres. Nous nous fantasmons puissants. Nous sommes, à ce stade, au service des satisfactions matérielles et du statut social. Enfin, quand les années passent, nos vraies envies font leur apparition. Celles qui font de nous un être unique. Celles qui nous font devenir qui nous sommes vraiment.

Quand arrive le désir authentique

Selon Lacan, si le désir est profond, il s’impose à nous comme une évidence. C’est celui-ci qui se distingue des envies fugaces et évanescentes. Ce désir là devient le moteur de notre existence. Ne pas céder sur son désir était un principe d’action pour Lacan. C’est la promesse d’un bonheur paisible. Sans doute la seule voie pour nous si nous ne voulons pas avoir de regrets ou de remords d’être passés à côté de notre être authentique.

Credit photo : wallpaperflare.com

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