dire non

Du pouvoir de dire oui à l’art de dire non

4 mars 2022

Nous sommes nombreux à nous plaindre de notre incapacité à nous affirmer et à savoir dire non. Nous sommes finalement inquiets des éventuelles conséquences négatives que cela pourrait avoir dans notre vie. Alors pourquoi dire oui alors qu’on voudrait dire non ? Mais surtout, comment le pouvoir de (nous) dire oui peut-il nous mener vers l’art de dire non ?

Le doute

Quand on ne sait pas s’affirmer, le doute est permanent. On ne connait pas nos limites et on craint le conflit. Il peut s’ajouter de la confusion entre s’affirmer et crier, entre conflit et rupture, entre dire non et rejeter une personne.

Cependant les conflits participent à une bonne relation et ne sont pas synonymes de scènes, de hurlements ni d’échecs relationnels. On peut aimer quelqu’un sans tout lui permettre. Mais attention, poser des limites et s’affirmer, ce n’est pas être autoritaire. Les gens qui savent s’affirmer n’ont pas besoin d’être psychorigides. Nous connaissons tous par exemple ces parents qui posent les limites de manière illogique. Ils se mettront en rage pour un verre cassé accidentellement alors qu’ils laisseront passer des situations bien plus graves si réagir peut impliquer de devoir s’affirmer sans s’emporter auprès d’autres adultes : enseignant, voisin, famille… C’est ainsi que se renforce le doute chez un enfant.

La peur

Le « non » apparait chez l’enfant vers l’âge de 2 ou 3 ans. En fonction de la réaction de l’entourage à ces précoces tentatives d’affirmation de soi, la capacité à dire non de l’enfant sera acquise ou endommagée. On retrouve souvent dans l’enfance de certains d’entre nous qui ne savons pas nous affirmer une répression parentale vigoureuse. Le droit aux émotions qui n’a pas été respecté mais plutôt condamné. Notamment quand il s’agit de la colère qui est souvent une émotion « écran » qui cache un mal plus profond impossible à verbaliser pour un enfant.

Accueillir les émotions des enfants tout en sachant poser les limites est difficile, c’est une évidence, mais indispensable à son équilibre.

La culpabilité et la honte

La peur de la punition ou du rejet n’est pas le seul moyen de destruction du potentiel d’affirmation de soi. « Le coup du miroir » est souvent vécu comme une expérience cuisante : « regarde toi, tu es plus joli(e) quand tu souries », « écoute toi, tu hurles comme un(e) fou/folle », « regarde ce que tu fais, tu es méchant(e) ». Un sentiment de honte va envahir l’enfant et altérer son image de lui-même.

Mais souvent, on retrouve la culpabilité au premier rang : « Tu mets en colère Papa », « Tu fais pleurer Maman » ou « Tu mets de la tension à la maison/dans le couple ». Ces émotions douloureuses fortement ressenties par les enfants peuvent les paralyser pour de longues années.

Si nous n’arrivons pas à nous affirmer, c’est que nous tombons dans ce cercle infernal où chaque émotion renvoie à la suivante. Nous avons la sensation de tourner en rond comme un hamster dans sa roue.

Cependant, nous savons au fond de nous que nous ne sommes pas notre passé, que nous avons le pouvoir de changer ce qui peut l’être. Cela en passe par la prise en considération de nos besoins par l’accueil de nos émotions. C’est l’adulte que nous sommes devenus qui doit accueillir et rassurer notre enfant intérieur.

Les besoins de base

Beaucoup d’entre nous ont un attachement insécure lié à un manque d’appréciation et de reconnaissance. Les besoins de base qui n’ont pas été comblés dans l’enfance sont nos points sensibles. Nous pouvons nous retrouver à dire oui face à des personnes qui connaissent ces points sensibles et qui peuvent nous manipuler pour obtenir ce qu’elles veulent (abus de pouvoir, victimes de pervers narcissiques…). Par exemple, le burn-out en est souvent la conséquence.

Le seul moyen d’éviter de se faire écraser dans ces jeux de pouvoir est de connaître les règles et de jouer sa propre partie au lieu de capituler ou de fuir. Prendre conscience de nos besoins est la première étape vers l’affirmation de soi. C’est eux qui vont nous aider à savoir où poser nos limites. Sachant que nous ne les poserons pas tous aux mêmes endroits.

L’autoréflexion

Il est important d’assumer notre responsabilité dans ce que nous vivons et d’en comprendre les rouages. Que peut-on faire de nos manques et de nos blessures ? Qu’est-ce-que nous voulons faire de notre vie ? Pour avoir la force de nous dire oui et maîtriser l’art de dire non, l’autoréflexion est la principale exigence. Un jour, nous savons qu’il faut choisir de tourner à gauche ou à droite. Souvent dans la seconde partie de vie ou à la suite d’une crise ou d’un changement radical dans notre vie. Ce sont les carrefours de vie. Nous avons subitement un regard plus conscient sur nous-même.

Les grands changements s’opèrent lorsque nous disons pour la première fois un grand oui à une nouvelle voie qui s’ouvre et en disant non à quelque chose de familier. Ce n’est que lorsque nous retrouvons notre pouvoir sur notre existence que nous pouvons oser aménager la place qui est nécessaire pour dire non aux autres. Mais surtout oui à nous-même.

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