Les chrétiens fêtent la Toussaint, les anglo-saxons célèbrent Halloween, mais à l’origine était « Sahmain ». Ces festivités des anciens peuples irlandais, écossais et gaulois de l’ère préchrétienne duraient 7 jours. Il s’agissait de clôturer la saison claire pour entrer dans la saison sombre.
Une parenthèse d’éternité
La nuit du 31 octobre au 1 novembre marquait une ouverture dans le réel où étaient rassemblés dans un même espace-temps les vivants et les morts. Cette brèche entre les mondes confère à Sahmain son caractère mystérieux. Toutefois, il ne s’agissait pas d’une fête austère, on honorait les ancêtres par de grands feux et jeux en tout genre et on menait en parallèle une réflexion sur l’année écoulée des vivants.
Samhain peut donc être le moment idéal pour un travail de l’ombre…
L’Ombre en soi
L’Ombre est cette partie enfouie en nous qui contient tous les aspects de notre personnalité que nous considérons comme honteux, inadapté, inacceptable. C’est le moi des profondeurs qui n’ose pas se montrer en plein jour de peur d’être jugé ou rejeté. C’est Carl Gustav Jung qui est à l’origine de ce terme qu’il définit comme un archétype.
L’Ombre n’est pas accessible immédiatement à la conscience puisqu’elle se trouve dans la cave de notre inconscient. Nous l’avons enfermée car à un moment donné dans notre vie, nous l’avons jugée menaçante car ce qu’elle contient pouvait déplaire à notre famille, notre entourage, la société dans laquelle nous vivons.
Ce phénomène inconscient naît d’un besoin naturel d’être aimé, accepté des autres, trouver sa place au sein d’un groupe, d’éviter le rejet, qu’il soit familial, institutionnel ou culturel.
Chaque personne, en fonction l’environnement dans lequel elle évolue, camouflera des aspects de sa personnalité. Mais avons-nous conscience à quel point nous pouvons nous trahir pour nous conformer à ce que l’on attend de nous ?
Pourquoi travailler sur l’Ombre ?
La part d’Ombre en soi, lorsqu’elle ne remonte pas à la conscience, n’est pas inoffensive. Elle opère en toile de fond et agit sans que nous nous en rendions compte. C’est elle qui tire les ficelles dans l’obscurité.
Ramener sa part d’Ombre à la lumière c’est s’offrir la possibilité de sortir des schémas répétitifs tels que l’auto-sabotage, les relations conflictuelles…etc.
De plus, peut-on s’aimer, avoir confiance en soi si une partie de nous agit contre nos intérêts ? Un véritable épanouissement n’est possible que si l’on est honnête avec soi-même. Nier ses pulsions est plus facile que de s’y confronter car nous risquons le dégoût de soi qui n’est rien de plus que le fruit de la culpabilité. En vérité, c’est de ne pas accepter qui nous sommes qui nous conduit au désamour de soi et au mal-être. L’Ombre est un véritable tremplin pour progresser.
Des dissimulations gourmandes en énergie
Camoufler l’Ombre est un mécanisme qui coûte cher en énergie. Non seulement nous perdons contact avec qui nous sommes mais en plus, nous devons faire énormément d’efforts pour convaincre les autres. Ces « mensonges » préservent notre masque social. Malheureusement, celui-ci ne permet pas la réalisation du plein potentiel de ce que nous sommes vraiment.
Soyons donc vigilants sur ce qui nous coûte une énergie folle. Imaginez toutes les ressources que nous aurions en cessant d’utiliser cette énergie à faire croire (et nous faire croire) que nous sommes ce que nous ne sommes pas !
Comment déceler l’Ombre ?
Pour la connaître, il faut observer ses manifestations.
Dans la relation de couple : elle est le théâtre privilégié de l’expression de l’Ombre. Le partenaire est bien souvent idéalisé au départ et nous finissons par le blâmer, et bien souvent de ce qui nous avait séduit au début. Ce qui nous crispe et que nous blâmons révèle bien souvent nos points de frictions internes (blessures, peurs, traumas…).
Dans la relation parents/enfants : c’est le lieu où nous mettons le plus d’enjeux. En tant que parents, ce que l’on interdit et nos préoccupations éducatives révèlent nos zones d’ombre. En tant qu’enfant, nous cherchons à plaire à nos parents en nous conformant à leurs attentes. Observer ce qui nous agace ou ce qui nous blesse sont des indices nous menant vers l’Ombre.
Les rêves : ils sont une source d’informations à ne pas négliger pour découvrir notre Ombre. Nous avons notre propre symbolisme mais portons aussi dans notre inconscient collectif celui de nos ancêtres.
L’humour : on peut trouver derrière notre humour une part d’Ombre qui cherche une façon socialement acceptable de parler.
Les fantasmes : ils sont le lieu le plus évident pour entrevoir notre Ombre.
Les préjugés moraux rigides : ce que nous réprimons avec ferveur contient des interdits qui peuvent parler du moi Ombre.
Les critiques : lorsque nous critiquons, nous projetons sur les autres des parts de nous-mêmes non reconnues. Nous combattons une partie de nous que nous n’assumons pas. De même, lorsque nous réagissons avec véhémence à une critique, c’est qu’une partie de notre Ombre a été entrevue et nous nous sentons menacé. Même si ce n’est pas toujours le cas, cela se vérifie assez souvent.
N’avez-vous jamais été critiqué pour votre attitude par une personne qui n’a pas conscience qu’elle fait la même chose (et vice versa) ?
Mises en garde
Le travail de l’Ombre n’est pas une pratique anodine. Cette démarche doit être réfléchie car elle vous place en position de vulnérabilité émotionnelle. Je vous conseille de ne pas entamer cette démarche si vous vous sentez dans une période de fragilité. Mais si vous décidez de commencer ce travail, être accompagné par un thérapeute est largement recommandé. Enfin, entourez vous de personnes de confiance pendant cette période.
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