symbole onirique rêve

Pensée jungienne et monde onirique

2 juillet 2021

(Entretien publié par INREES le 24 mars 2017)

Et si l’extraordinaire avait un rôle essentiel à jouer dans la psychothérapie ? Qu’en dit la pensée de Carl Gustav Jung ? Rencontre avec Bénédicte Uyttenhove, psychologue clinicienne et directrice de l’École de Psychologie Clinique à Aix-en-Provence. 

Depuis plus de 30 ans, Bénédicte Uyttenhove se consacre à l’étude de l’héritage de C. G Jung, pionnier de l’exploration des profondeurs de l’âme.  

Dans quel objectif avez-vous crée votre école ?

J’ai crée l’Ecole de Psychologie Clinique (EPC) en 1985 à Paris dans le but d’ouvrir la psychologie aux personnes ne pouvant avoir accès aux enseignements universitaires. Ceux-ci sont souvent réservés aux personnes qui ont du temps, qui sont jeunes, et ce n’est pas toujours simple.  

Mon Centre de formation propose une ouverture à tous les individus qui ont envie d’apprendre une psychologie plus holiste, plus ouverte, pour accéder à «autre chose». Les notions propres à la psychologie de C.G. Jung y étant abordées. Pour autant, le socle d’apprentissage est très rigoureux, et les textes des cours sont revus tous les ans ou tous les 2 ans en fonction des nouvelles avancées. À partir du moment où les fondements, les bases en psychologie clinique et psychopathologie existent et qu’ils sont solides, on peut accéder à d’autres notions, comme l’analyse des rêves et les neurosciences qui sont pour moi, les voies nouvelles de la psychologie à venir. 

(Découvrir l’Ecole de Psychologie Clinique : https://www.epc-psycho.com)

En quoi consistent vos recherches ? 

Elles se basent autour de l’œuvre de Jung. Je me suis orientée principalement sur les théories de Jung en matière de psyché, sur l’interprétation des rêves, la possibilité de comprendre ce qu’ils veulent dire. Selon moi, l’analyse des rêves est un des noyaux central du traitement analytique, c’est le moyen technique le plus important pour ouvrir une porte vers l’inconscient. Jung écrivait d’ailleurs « c’est par la porte des rêves que l’on entre dans l’inconscient ». Nous partons de Freud puisqu’il a été le précurseur dans l’analyse des rêves. Puis, Jung a commencé à explorer le sujet dès le début de sa pratique. Les rêves sont comme des balises qui éclairent et qui jalonnent notre cheminement intérieur. Au cours de mes recherches, j’ai pu avoir accès par mon superviseur, qui a travaillé avec Étienne Perrot (NDLR: psychanalyste français, continuateur de Jung), a des textes qui n’ont pas été édités. Cela m’a permis de creuser le sujet, de faire des recherches, d’avoir accès à des documents intéressants. Des rêves émanent d’une sortes « d’intelligence secrète » selon les termes de Jung, qui est à l’œuvre au plus profond de nous. Et tel un fil d’Ariane, ils nous guident vers un renouvellement de notre être et vers une métamorphose intérieure. À partir de là nous pouvons considérer que les rêves peuvent être des messages, des diagnostics sur certaines pathologies. Nous pouvons avoir des indications sur l’état des patients, de santé ou psychologique. La vision de Jung sur les rêves est fondamentale, c’est une porte, un accès à l’inconscient. Jung disait :« Ma vie est l’histoire d’un inconscient qui a accompli sa réalisation », et cet inconscient se trouve sous couvert de l’interprétation des rêves, des symboles, des archétypes, de toute cette forme de communication et de langage. 

« La vision de Jung sur les rêves est fondamentale… »

Avec mon dernier ouvrage « Et que disent vos rêves », les recherches que j’ai effectuées sur les rêves et leur histoire au cours des civilisations, des mises en pratique sur les patients ont pu être possible.  

Jung a élaboré un savoir en partant de l’étude des religions, de l’étude des rêves dans l’Histoire. En Mésopotamie à Babylone, on a déchiffré dans les premiers hiéroglyphes cunéiformes des messages qui attestent de leur importance. A l’époque, ils étaient considérés comme divins et annonciateurs de messages. 

Les rêves seraient donc des messages directs de notre âme ? 

Tout à fait. Jung parle de messages, de diagnostic ou de vision prophétique. Les premières traces écrites des rêves datent du IIIe siècle avant Jésus-Christ, du temps de Sumer, et on parle alors des rêves «annonciateurs de messages». Les Mésopotamiens abordent les rêves comme des interventions des démons, des forces positives, des forces négatives, sur les tablettes d’argile. L’Égypte a aussi été très importante par rapport à l’analyse des rêves. On y pratiquait l’incubation. Les grands prêtres plaçaient des personnes dans ce qu’ils appelaient des temples ou des «maisons de vie» dédiés à Imhotep ou Sérapis afin de permettre aux personnes de rêver pour obtenir la guérison. Au matin, on interprétait les visions qu’ils avaient eues. Ces lieux ont été repris par Hippocrate, descendant d’Asclépios.? Iles étaient généralement constitués d’un temple en surface, de grottes, et d’une source d’eau souterraine. Le sanctuaire d’Asclépios était ainsi sous le Parthénon d’Athènes. Sa grotte et sa source existent d’ailleurs encore. Il était également similaire au temple d’Épidaure en Grèce où les malades dormaient dans une enceinte sacrée. Avec le rituel d’incubation des rêves on accédait à leurs messages.

Découvre-t-on aujourd’hui encore des nouvelles clés sur les rêves ?  

Oui, les neurosciences nous apportent beaucoup aujourd’hui, associées aux savoirs anciens et à l’historique de ce que l’on connaît sur les rêves. Les nouvelles recherches permettent d’avoir des informations complémentaires. Les rêves sont comme une boîte de Pandore : on n’a jamais fini de comprendre leur sens et de révéler ce qu’ils ont à nous dire. On se rend compte maintenant de l’importance de l’introduction de la spiritualité, et de tout ce qu’apporte l’INREES par exemple. Certains considèrent que dans les rêves peuvent se transmettre des informations d’ordre spirituel. Certains peuvent voir avec le développement de la physique quantique la possibilité d’avoir au travers des rêves certaines informations. L’apport des neurosciences et très important aussi. Le Professeur Isabelle Arnulf par exemple, a écrit un livre qui s’appelle  Une fenêtre sur les rêves dans lequel on trouve beaucoup d’informations sur la neurologie et les rêves. Elle a travaillé sur les hallucinations, le somnambulisme, les rêves prémonitoires… Elle questionne sur la possibilité que des rêves puissent annoncer des maladies. Les rêves peuvent transmettre des informations sur l’état de santé de la personne ou annoncer un problème de santé qui n’est pas encore révélé. C’est un domaine très complexe, mais passionnant. 

« Je remarque que les personnes développent de plus en plus des capacités médiumniques »

Quelle est la part d’extraordinaire dans le travail thérapeutique ? 

Si l’on traite un patient de manière purement freudienne, ce sera très clinique. Mais si nous possédons une ouverture jungienne, nous allons pouvoir traiter des éléments de l’ordre de l’extraordinaire. On peut tout à fait utiliser la géobiologie où le Feng-Shui par exemple. Si un patient viens me voir en me disant «Depuis que je suis dans une nouvelle maison, j’ai un problème de dépression» et qu’en le questionnant on se rend compte que tous les habitants de cette maison ont souffert de dépression, nous devons faire preuve d’une ouverture de conscience que l’on doit mettre à profit dans la thérapie jungienne. Il m’est arrivé plusieurs fois d’être dans cette configuration, et de prendre en compte le lieu d’habitation, la géobiologie, les phénomènes d’enfants précoces qui ont des capacités particulières. Je me suis aussi rendue compte que de plus en plus de personnes avaient accès à des intuitions, des synchronicités, des insights, ou des perceptions particulières. 

La psychologie aurait tout intérêt à intégrer ces paramètres-là ?

Cela fait longtemps que j’exerce mon métier, et je remarque que les personnes développent de plus en plus des capacités médiumniques, des capacités intuitives, des insights, un contact avec leur intuition beaucoup plus puissant et beaucoup plus profond. La psychologie actuelle pour être efficace doit prendre en compte les phénomènes de société, comme cette évolution sur le plan de la spiritualité, une ouverture d’esprit qui se manifeste très nettement. Je le vois en tant qu’enseignante et psychologue clinicienne. Nous avons plus de 1500 élèves, et constatons qu’il y a quelque chose qui évolue de leur part, et de celle des patients. Il y a l’accès à autre chose, c’est très net. Une ouverture de conscience. 

Photo : espritsciencemetaphysiques.com

Partager cet article :

Articles similaires

Commentaires

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *