Evoluer, se transformer, s’améliorer… Beaucoup tendent à vouloir gommer certains traits de leur personnalité. Mais ces envies sont-elles vraiment réalisables ? Peut-on changer notre personnalité ?

Pourquoi vouloir changer ?

Le philosophe Héraclite, confronté à cette impermanence des choses qu’est le cycle de la vie, nous disait que nous devenions autre à chaque instant, emportés dans ce mouvement perpétuel. L’Homme a conscience de ce changement. C’est parce-qu’il est doté d’une intériorité, d’une mémoire et d’une image de soi stable qu’il désire s’améliorer.

Spinoza raconte qu’il a voulu lui-même changer pour s’affranchir des désirs creux qui rendent envieux. Il avait constaté que la richesse et les honneurs que recherchent la plupart des gens ne sauraient lui apporter ce qu’il souhaite : la joie.

A l’origine, l’insatisfaction

Ce qui nous incite au changement, c’est toujours l’insatisfaction, l’idée d’un manque ou d’une singularité que nous n’assumons pas. Cela peut être aussi l’intuition que notre vie pourrait être plus belle si nous changions notre regard sur elle.

Pour se transformer, la volonté suffit rarement. En effet, nous sommes mus par des mécanismes internes inconscients autrement plus puissants que la simple volonté consciente. De plus, nous rêvons de changements sans douleur, sans perte. Changer, c’est perdre, c’est choisir, c’est renoncer à certaines habitudes, à un certain confort. La permanence nous rassure c’est pourquoi certains s’accrochent à un fatalisme (« je suis comme ça, il faut que j’accepte et les autres aussi ») dans le but de ne pas perdre cette continuité de leur être, ce qu’ils pensent être leur identité.

L’influence génétique

Notre personnalité constitue une totalité qui est façonnée par diverses influences : notre expérience (surtout infantile), notre éducation, notre culture, nos relations affectives…etc. Elle est également influencée par des facteurs génétiques sur lesquels nous n’avons pas de prise comme nos rythmes biologiques ou notre tempérament (extraverti ou introverti par exemple).

Nous ne pouvons donc pas changer radicalement mais utiliser des stratégies comportementales plus satisfaisantes. Les hasards, certaines rencontres produisent aussi des transformations inattendues. Un évènement peut nous faire découvrir une facette de nous-même que nous ne connaissons pas comme un courage que nous nous ignorions.

D’ailleurs, pourrions-nous pardonner à ceux qui nous ont causé du tort si nous les pensions incapables de changer ?

L’importance du regard de l’autre

Le regard sévère ou dévalorisant de l’autre nous persuade que nous sommes et resterons mauvais à jamais : parents, professeurs, conjoint…etc. En revanche, la croyance en le fait que nous pouvons nous améliorer tend à produire l’effet inverse.

Des psychologues se sont livrés à une expérience en milieu scolaire à ce sujet. Ils ont séparé une classe en 2 groupes, indiquant à l’enseignant que l’un était bien plus avancé que l’autre alors qu’il n’en était rien au départ. Résultat : les prétendus surdoués ayant bénéficié de davantage d’indulgence et de considération ont progressé 2 fois plus vite que l’autre groupe. C’est le fameux « effet Pygmalion ». Nous pouvons donc constater que nous avons besoin de l’autre pour nous améliorer.

Ecouter notre petite voix intérieure

Nous avons décidé de changer, de ne plus nous laisser manipuler par des partenaires hypernarcissiques mais nous voilà de nouveau dans des répétitions d’histoires amoureuses identiques. Nous voulons nous épanouir dans notre travail et voilà que les mêmes conflits empoisonnent nos journées.

Au-delà d’une bonne connaissance de soi, la transformation intérieure réside dans l’aptitude à se rendre disponible à ce que l’existence nous apporte, dans l’ici et maintenant. Chaque moment porte en lui une possibilité de joie. Une enfance difficile par exemple ne nous condamne pas au malheur sauf si nous croyons que c’est le cas. Il demeure toujours une partie de nous qui va bien. Accordons lui l’importance qu’elle mérite. Ecoutons cette petite voix intérieure pour que notre regard sur la vie change et que nous nous en trouvions transformés.

Toutefois, face à la difficulté de rompre avec le passé ou devant une anxiété trop intense, une thérapie s’impose. Un thérapeute conviendra avec vous d’une méthode pour avancer vers ce changement sans trop de désarroi.