bonheur et sagesse

Pourquoi vouloir être toujours heureux ?

25 août 2021

Quel est le sens de la vie ? Pourquoi vouloir être toujours heureux ?

Le psychiatre belge Dirk De Wachter s’intéresse depuis longtemps à ces questions. Professeur et psychothérapeute également, il a signé plusieurs ouvrages à destination du grand public. En septembre dernier, il publie « De kunst van het ongelukkig zijn » (L’art d’être malheureux, non traduit). 

Voici quelques-unes de ses réponses en 7 sagesses.

L’art de vivre, c’est aussi l’art d’être malheureux

Pourquoi avons-nous fait du bonheur une quête quasi obsessionnelle ? Sa réponse est simple : arrêtons de viser le bonheur de manière compulsive, il faut accepter les difficultés comme faisant partie de la vie. Cherchons le sens dans le rapport à l’autre.

Le sentiment de bonheur (ou pourrait-on dire de joie ?) est causé par des hormones sécrétées dans le cerveau dont l’effet est non seulement de courte durée et mais en plus, certaines personnes sont plus enclines que d’autres à les sécréter.

En outre, le bonheur dépend en grande partie de nos attentes. Lorsque l’on n’obtient pas ce à quoi on s’attend, on est déçu et cela nous rend malheureux.

A notre époque, tout le monde aspire au succès, au grand bonheur et aux sensations les plus fortes. Il faut toutefois accepter l’idée qu’une vie ordinaire est satisfaisante. Même si elle connaîtra inévitablement des périodes malheureuses.

Le sens de la vie et la rencontre avec l’autre

Fêtes, festivals, voyages, divertissements en tout genre… Tant que la convivialité règne, il n’y a rien de mal, au contraire. Le problème c’est quand seul le plaisir devient le but. Quand nous courons partout pour essayer de faire quelque chose de cette vie.

Ce qui donne un sens, c’est signifier quelque chose pour autrui. Pas par pur altruisme car cela nous procure un sentiment agréable, au delà du simple plaisir.

La joie se faufile par la porte de derrière…Alors si vous êtes heureux, faites quelque chose pour votre entourage. Essayer de mener une vie bienveillante inspirée du bonheur d’une autre personne. Cela vous rendra heureux durablement.

Ces gens « ordinaires » qui souffrent de la vie…

Dirk de Wachter reçoit des gens « ordinaires » dans son cabinet car nous sommes tous des patients potentiels. Des gens normaux que le hasard du destin ou des évènements traumatiques frappent. Cela peut nous arriver à tous.

C’est lorsque les difficultés s’immiscent dans la vie que se pose la question du sens.

Parfois, ne rien faire…

Nous avons besoin des autres. Sans lien avec notre prochain, nous ne sommes rien. Pourtant, il est important d’être seul parfois. De rechercher le calme, le silence dans ce monde si bruyant et rempli de stimuli.

Ce n’est pas un hasard si, depuis quelques années, tant de personnes trouvent refuge dans la méditation ou dans des retraites. Peu importe ce que nous choisissons pour se retirer en soi-même quelques instants, l’essentiel est de s’offrir régulièrement des pauses. Prendre du recul, ne pas avoir de plan, prendre un temps de contemplation. Juste ne rien faire, simplement être.

L’art et la philosophie, un réconfort

De Wachter a également étudié la philosophie. Il considère « l’homme qui erre dans l’obscurité » de manière philosophique et contemplative. L’art et la philosophie permettraient d’oublier un temps nos soucis et nous donnent l’opportunité de nous questionner sur nous-même.

Ecouter de la musique, admirer une œuvre d’art, lire un livre. Tout cela apporte un calme méditatif, nous touche, nous réconforte. L’art créer du sens. 

La philosophie a les mêmes vertus. Bien que la vie ne soit pas un interminable fleuve de larmes (dixit Schopenhauer), on ne doit pas pour autant s’attendre à ce quelle soit comme un « orgasme prolongé ». On doit faire une place au malheur dans nos valises.

Le malheur des jeunes générations

De plus en plus de jeunes se sentent seuls et dépressifs. Les réseaux sociaux ne sont qu’une contribution à cette tristesse. Quand leur fil d’actualité ne présente que des personnes menant visiblement une vie parfaite, cela renforce leur insatisfaction.

Toutefois, selon le psychiatre, cette lutte avec la vie est due aussi à leur éducation. Gâter un enfant, ce n’est pas de l’amour. Ils entendent qu’ils peuvent tout faire tant qu’ils y trouvent du plaisir, qu’ils sont heureux. On leur dit que tous les choix s’offrent à eux, qu’ils sont libres. En fait, c’est une illusion. Ce n’est vrai qu’en partie. 

De Wachter estime que ces enfants gâtés ont été négligés car ils n’ont pas pu bénéficier d’un cadre. Pour lui, ils ont besoin de chaleur, d’une attention bienveillante mais surtout de limites, de valeurs et de normes. Il faudrait leur permettre de se consacrer aux autres, de les inviter au dialogue en philosophant avec eux, en les poussant à lire, à visiter des musées…etc. Bref, un idéal d’éducation pas vraiment populaire il faut le reconnaître.

Oser dire que l’on a besoin de l’autre

Si notre objectif principal est le bonheur et la réussite, si le malheur n’est pas souhaitable, il est donc mal vu de montrer que l’on va mal. La grande tristesse de notre époque est justement que nous cachons notre tristesse. Et si elle ne s’exprime pas, elle s’imprime (maladies, douleurs, dépression…). Il arrive même qu’elle se cache derrière une apparente agressivité.

Le psychiatre conseille de chercher des gens en qui nous avons confiance et d’oser leur parler. De reconnaître notre vulnérabilité. D’oser dire « je ne peux pas le faire seul ».

Le philosophe Levinas disait : « Ce n’est que par le regard de l’autre que l’on échappe à l’oppression de l’être ».

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