SUICIDE

Suicide : l’éternel retour

25 octobre 2021

Comme disait Albert Camus : « Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux, c’est le suicide ». De tout temps, ce problème a toujours existé. D’ailleurs, 1 français sur 5 y aurait pensé en 2020.

Des idées de suicide au passage à l’acte

Le suicide a longtemps été vu comme la résultante d’une aliénation. Certains psychiatres (ou aliénistes comme on les nommait à l’époque) lui attribuaient même des causes organiques ou héréditaires. C’est à partir du XIXème siècle que cette doctrine fut balayée par les sociologues qui mettent en lumière une dimension sociale du geste. Il serait lié à un problème d’intégration dans la société et de normes sociales.

Mais au fil du temps, une voie médiane se met en place sur l’origine du suicide, travaillant sur les questions sociales, psychiques et personnelles des sujets concernés. Les « crises suicidaires » débutent souvent par des idées suicidaires pouvant conduire à  des tentatives de suicide si elles deviennent envahissantes puis au suicide.

Toutefois, la crise suicidaire est temporaire et réversible en l’absence de passage à l’acte. C’est pourquoi, une prise en charge thérapeutique est vivement conseillée. En effet, pendant la crise, la personne confrontée à ce moment de grande souffrance ne peut pas trouver en elle les ressources suffisantes pour le surmonter.

Le suicide comme annulation de la douleur 

La crise surgit dans un contexte particulier où le suicide est envisagé comme l’unique solution face à une forte tension et à une douleur intérieure insoutenable. 

On observe que le passage à l’acte a un rapport direct avec la dépression et les problèmes narcissiques graves : un désir de mort qui s’adresse d’abord à autrui mais que l’on retourne contre soi. On retourne la haine contre soi. On se tue pour ne pas tuer.

Le passage à l’acte survient quand la pensée nous fait défaut face à un trop-plein d’émotions, à une véritable ébullition pulsionnelle.

Des facteurs de risques

Même s’il est impossible de généraliser, il existe toutefois des facteurs associés au suicide : 

  • troubles psychiatriques existants
  • problèmes de santé
  • isolement
  • rupture amoureuse
  • harcèlement (intimidation, humiliation…)
  • deuil
  • perte d’emploi
  • précarité économique

Ces facteurs n’ont évidemment aucune valeur prédictive car le comportement suicidaire n’est pas une maladie. Il est l’aboutissement de l’interaction complexe de divers facteurs neurobiologiques, psychologiques, culturels et sociaux. Toutefois, il est important de tenir compte de l’ensemble de ces facteurs qu’ils soient prédisposants, contribuants ou précipitants.

Suicide et (cyber)harcèlement  

Le suicide est la 2èmecause de mortalité chez les jeunes de 15-19 ans. L’adolescence étant une période suscitant naturellement des angoisses, le harcèlement provoque indiscutablement une augmentation des idées suicidaires.

En étant harcelé, l’adolescent est soumis à une terrible épreuve narcissique. Son image et donc son estime de soi est d’autant plus remise en cause. Pour lui, il n’est plus rien.

En effet, la contrainte externe (le harcèlement) va venir renforcer la contrainte interne (la mauvaise estime de soi), et de ce fait, va amplifier par écho les effets traumatiques de l’agression. A partir de ce moment, un combat quotidien contre son ennemi intérieur va débuter. Un combat qui peut faire des ravages psychiques, physiques et émotionnels pouvant le conduire au suicide.

Savoir repérer les signaux

La plupart des gens qui passent à l’acte ne souhaitent pas vraiment mourir. Ce geste est pour eux la seule issue qui leur permettrait de mettre fin à leur souffrance.

Il est donc crucial de repérer les signaux de détresse. Ils sont un mélange entre des signes observables par autrui et des symptômes (ou pensées, émotions) explicités par la personne elle-même. Ils indiquent dans tous les cas une situation de mal-être. Ils donnent l’impression de ne plus reconnaître la personne et que ces changements prennent le dessus sur sa vraie personnalité.

Les symptômes dépressifs par exemple sont à prendre au sérieux. Il a souvent été observé que toutes les dépressions ne menaient pas au suicide mais que la plupart des suicides s’inscrivaient dans un contexte de dépression.

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